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enfant, appartenant à une des meilleures ; maisons de la province, elle voulait lui faire une dot capable de la remettre dans son état naturel, un mouvement jaloux lui fit connaître que ce qu’il avait pris pour une simple bienveillance, était un amour réel : l’idée de se voir bientôt une foule de rivaux l’accabla, et il se repentit mille fois d’avoir tiré cet enfant de l’état obscur où elle eût pu n’exister que pour lui. C’est ainsi qu’une confiance téméraire jette, dans le péril l’homme le plus vertueux, lorsqu’il manque du secours de l’expérience sur sa propre faiblesse. Heureux celui qui, comme Alindor, est assez courageux pour profiter du premier rayon de lumière qui lui découvre les bords dé l’abîme où la sécurité l’a conduit, et qui s’en éloigné avec une célérité qui peut seule assurer sa victoire.

Alindor ignorait l’art de feindre : effrayé du sentiment dont il était agité, le trouble de son ame parut sur son visage, et, dans ce premier, instant, ne sachant à