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comme un amusement, celui de cultiver son ame. Armire n’avait pu le suivre à la campagne : une affaire importante devait la tenir éloignée pendant deux mois. Alindor lui rendit compte de cette petite aventure ; et, en lui disant qu’il lui abandonnait la bonne œuvre de tirer cette aimable enfant d’une situation si triste pour une fille qui avait de la naissance, il ajouta qu’il se ferait son maître en l’attendant, pour la mettre en état de la prendre auprès d’elle à son arrivée, afin de la produire ensuite dans le monde, où sa beauté et son esprit pourraient lui procurer un établissement. Armire applaudit à ce projet si digne de son grand cœur, et Alindor, pour procurer à son écolière plus de tems pour s’appliquer à l’étude, mit son nourricier en état d’avoir une servante. Laure, parvenue au comble de ses désirs, et, flattée de pouvoir entrer auprès d’Armire, dont tout le monde vantait les vertus, ne pensa plus qu’à se rendre digne de ses bontés. Alin-