Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(82)

bientôt changée en tristesse ; il excitait en elle une curiosité que personne ne pouvait satisfaire. Elle fatiguait de ses questions tous ceux qu’elle rencontrait, et vingt fois elle eut envie de s’échapper pour aller interroger au bourg des personnes plus savantes : la timidité la retint.

Laure était au dernier période de son impatiente curiosité : déjà elle avait perdu toute sa gaîté : les roses de son teint s’effaçaient, et son père adoptif en conçut un tel chagrin, qu’il s’en prit à la concierge. Pourquoi, lui dit-il, avez-vous donné à notre enfant ce livre de malédiction qui l’afflige si fort ? Il y a de la magie, j’en suis sûr, car on y voit des revenans, un certain Apollon, qui sans doute était un sorcier, qui envoya un pauvre jeune homme dans les enfers, où il est au milieu des diables, Alindor, qui était arrivé la veille, entendit cette conversation, et, ayant appris ce qui occasionnait la colère du paysan contre sa concierge, voulut voir la jeune fille qui était l’objet