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conjura de lui donner quelques leçons, et l’esprit de la jeune fille suppléant à l’incapacité de la maîtresse, Laure se crut au comble du bonheur, lorsqu’elle se vit en état de comprendre ce qu’elle lisait. La concierge s’était servie de ses heures pour enseigner son écolière, déjà elle les savait par cœur, et eut bien souhaité un autre livre pour constater son talent : il y en avait un grand nombre dans le château, et Laure jetait souvent d’avides regards sur une bibliothèque dont elle aurait préféré la clé à une bourse pleine d’or. Vains désirs ! Déjà trois années s’étaient écoulées sans qu’Armire et Alindor fussent venus au château, et on ne savait quand ils reviendraient. Un jour, la concierge cherchant quelques linges dans une armoire, y trouva, les Aventures de Télémaque, en assez mauvais ordre, ce qui n’empêcha pas Laure de le recevoir de ses mains, avec autant de joie que si c’eût été un trésor ; mais sa joie, qui d’abord avait été si vive, fut