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à sacrifier ce goût, s’il se fût senti quelque répugnance pour la personne d’Armire ; mais, pénétré de respect, d’estime et de reconnaissance pour cette dame, il crut pouvoir lui promettre une amitié tendre, et, c’était tout ce qu’elle exigeait de lui ; le mariage s’acheva, et deux années de familiarité ayant fait connaître à Armire la solidité des vertus de son époux, elle lui fit, malgré lui, la donation de tout son bien, ne se réservant que mille livres par année, pour des aumônes particulières. Elle n’eut point occasion de se repentir de cette démarche. Alindor n’oublia jamais ses sermens ; et, malgré la tentation la plus délicate, fut toujours ce qu’il devait être pour elle.

Il y avait près du château un hameau où habitait un paysan assez pauvre, et qui ne pouvait trouver que dans un travail assidu un superflu propre à soulager l’indigence : il n’avait point d’enfans ; mais il s’était chargé d’une petite orpheline que sa femme avait nourrie, et qui