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qu’elle avait conçue pour lui : sa belle ame était logée dans un corps qui lui était assorti : la simplicité de ses mœurs n’avait point nui aux lumières de son esprit ; son respectable père avait vécu quelques années dans le grand monde, et n’en avait rapporté que la politesse et le goût des sciences. Semblable aux anciens Romains, il se délassait, en cultivant son champ, des fatigues de la guerre, et ses mains accoutumées à porter des armes, ne dédaignaient point de conduire la charrue : il ne quittait ces pénibles travaux que pour s’entretenir avec les muses, et l’éducation de son fils était le but de son travail comme de ses études, auxquelles il associait alternativement le jeune homme. La docilité et les talens d’Alindor suppléaient à la brièveté du tems qui lui restait pour l’étude, et sa modestie donnait un nouveau lustre à ses connaissances, lorsque l’occasion se présentait d’en faire usage. Armire, après l’avoir examiné, crut voir en lui tout ce qu’il