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découvrit bientôt celui de son jardinier : surprise de trouver en ce jeune homme, outre les vertus de son état, une douceur qui pouvait passer pour politesse, elle voulut savoir comment il avait acquis une qualité si rare dans un villageois. Jacques, plein de respect et de reconnaissance pour Alindor, auquel il croyait devoir tout ce qui était estimable en lui, saisit avec avidité l’occasion de faire son panégyrique, et ce fut avec tant de force et de naïveté, qu’il fit passer dans le cœur d’Armire une partie des sentimens dont le sien était pénétré, et lui fit naître un grand désir de vérifier, par ses yeux, si l’éloge qu’on lui faisait du jeune gentilhomme n’était pas outré : elle n’avait été qu’en passant dans une fort belle terre qu’elle avait à un quart de lieue du bourg où vivait Alindor ; elle déclara qu’elle voulait y passer la belle saison, et partit peu de jours après.

La vue d’Alindor n’était pas propre à la guérir de l’estime un peu trop vive