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intérêts. Pleine de cette idée, Bienfaisante sort de son royaume, et s’impose la loi de ne refuser aucune des demandes raisonnables qu’on lui ferait. Elle n’avait pas fait beaucoup de dépense en équipages, quoiqu’elle se proposât de faire un long voyage. Son bâton, sur lequel elle appuyait un corps qui paraissait décrépit, lui servait tout-à-la-fois de carrosse, de trésor et de garderobe ; elle n’avait qu’a le secouer, il lui fournissait sur le champ tout ce qu’elle pouvait désirer. Elle arriva un soir dans un petit hameau, dont tout les habitans paraissaient extrémement pauvres : elle vit sur la porte de la première cabane qui s’offrit à ses yeux, un jeune homme dont les habits couvraient à peine la nudité. N’y aurait-il pas moyen, lui dit Bienfaisante, de trouver dans ce hameau quelqu’ame charitable qui voulut me donner le couvert ? N’allez pas plus loin, ma bonne mère, lui répondit le paysan ; je ne puis vous offrir qu’un mauvais gîte ; mais, comme vous ne trouve-