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çonné plus d’esprit qu’elles n’en ont en effet, parce qu’elles agissent toujours comme si elles étaient guidées par le génie, quoiqu’elles ne le soient que par le devoir. Cette dame ne crut pas devoir se sacrifier à la crainte du mauvais usage qu’on pourrait faire de son bien, quand elle ne serait plus ; et, n’ayant pas trouvé dans ceux qui s’offrirent pour remplacer son époux, les qualités qu’elle croyait nécessaires à son bonheur, était restée dans l’état de viduité, sans s’y fixer absolument. Ses héritiers lui donnaient pourtant le désir de changer de situation ; leurs empressemens, leurs flatteries lui dévoilaient la faiblesse de leur ame, et elle ne pouvait se dissimuler que la cupidité avait ajouté à tous leurs vices, celui qu’elle détestait le plus ; c’était la fausseté. Telle était la disposition d’Armire, lorsque Jacques fut déterminé par Alindor à entrer à son service. Cette dame, qui se connaissait en vrai mérite, et qui le respectait dans quelqu’état qu’elle l’aperçut,