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avait mis le travail en honneur ; mais cette dame était veuve du seigneur de la paroisse ; elle avait succédé à ses droits, et passait pour bienfaisante. Le bien des habitans demandait donc qu’ils eussent auprès d’elle un homme en état d’obtenir des soulagemens pour les pauvres, et Jacques fut destiné à être dans sa maison comme l’agent du bourg. Il est nécessaire de faire connaître cette dame qui va jouer, le plus beau rôle dans cette histoire.

Armire avait quarante ans, et n’avait pas été belle à vingt ; les années même semblaient s’être appesanties sur elle, et elle en paraissait cinquante. Le désagrément de la figure et la qualité d’héritière lui ouvrirent les yeux sur les motifs des empressemens de ceux qui la recherchaient ; et, comme ils jouaient l’amour, elle conçut pour eux un mépris, qui l’éloigna long-tems du mariage. Sa mère, craignant qu’elle ne suivît l’exemple de sa sœur aînée qui s’était fait religieuse, la pressait de prendre un parti, et la laissait