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laquelle cette famille traitait ses pauvres voisins, n’engendra jamais le mépris que produit celle qui n’a pour principe que le caprice. Leurs actions semblaient lui dire : Nous vous respectons en qualité d’hommes, de chrétiens, d’honnêtes gens, de pauvres soumis à leur état ; méritez ce sentiment, et gardez-vous de tout ce qui pourrait l’altérer en nous. Ils réussirent par ce moyen à les engager à se respecter eux-mêmes : la grossièreté, l’injustice, le murmure furent bannis de leurs cabanes ; il n’y resta que la paix et l’innocente simplicité.

Un de ces paysans fut invité à quitter ses tranquilles foyers pour aller servir chez une dame à qui l’on avait vanté ses talens pour la culture des potagers. Alindor eut bien de la peine à le déterminer à se rendre à l’invitation qu’on lui faisait. C’est la paresse qui dépeuple les campagnes, pour fournir des domestiques aux riches ; et on ne connaissait point ce défaut dans un lieu où la famille d’Alindor