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dans. Son père, presqu’aussi pauvre que les paysans du bourg où il faisait son séjour, en était comme le roi ; et, aux sentimens de respect et d’obéissance que ce titre impose, ses voisins, ajoutaient ceux d’amour, qui devraient toujours les accompagner. C’est l’éloge le plus complet qu’on puisse faire d’un noble campagnard, qui ordinairement se rend odieux à ses pauvres compatriotes, par son orgueil et ses vexations. Alindor ne fut point en danger d’éprouver un pareil malheur ; c’en est toujours un d’être redouté, haï ; et c’est le comble du malheur de mériter de l’être. Notre héros avait appris de son respectable père que tous les hommes, égaux par nature, n’ont de titres réels que ceux que donne la vertu. Les exemples de bonté et de bienfaisance, joints à son heureux naturel, l’avaient tellement affectionné à l’exercice de ces belles vertus, qu’il regardait comme perdus les jours où il n’avait pas eu l’occasion d’en produire des actes. La familière bonté avec