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soulève alors les chaînes dont il est accablé ; mais, effrayé de leur pesanteur, il n’a pas le courage de les briser, et s’efforce de se persuader que cette entreprise est au-dessus des forces de la nature. Pour n’avoir point à rougir de sa faiblesse à les surmonter, il traite de fiction fout ce qu’on peut lui dire de la possibilité de vaincre ses penchans, et cette incrédulité fera regarder l’histoire qui va suivre, comme un roman où l’on s’est attaché à peindre les hommes tels qu’ils devraient être, et non tels qu’ils sont. Quoiqu’elle n’offre que des événement vraisemblables, elle ne sera point crue : cette incrédulité aura sa source dans la faiblesse du cœur de ceux qui ne voudront pas se donner la peine d’imiter les héros dont je publie les victoires.

Alindor ne reçut de ses parens que des vertus aussi antiques que sa noblesse. Les premières étaient comme héréditaires dans sa famille, où les chefs bornaient leur ambitions à les transmettre à leurs descen-