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une de ces femmes faibles qui font le bien sans savoir pourquoi ; la bonté de Bienfaisante était sage, prudente, modérée. Son premier soin fut d’examiner l’usage que ses sujettes faisaient de leurs talens, et elle ne put s’empêcher de frémir à la vue des désordres qu’elles causaient dans le monde : ce n’était pas seulement quelques vieilles hargneuses et pleines de malices, qui s’étaient rendues coupables en abusant de leur art ; mais celles même qui avaient causé tous les malheurs des personnes mêmes qu’elles avaient eu dessein de douer, en le faisant tout de travers. Bienfaisante entrevit la source du mal ; et, déterminée à y apporter remède, elle commença par suspendre le pouvoir de toutes les fées, et voulut éprouver par elle-même, si c’était rendre un service réel aux mortels, que de leur procurer ce qu’ils souhaitaient le plus passionnément, et s’il ne serait pas plus sage d’abandonner à la nature le soin de leurs