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tiques s’occupaient du soin de la boutique, la chambre, dans laquelle j’étais couché, s’enfonça tout d’un coup. On me retira à moitié mort de dessous les plâtras ; et j’eus non-seulement les deux jambes cassées, mais le reste de mon corps fut défiguré, comme vous le voyez. Ce qu’il y eut de plus fâcheux dans cet accident, c’est que la frayeur dérangea ma cervelle. J’ai été, pendant plusieurs années, entre les mains des plus habiles médecins : ils m’ont guéri ; mais les dépenses qu’il a fallu faire pour cette cure, ont absorbé la plus grande partie de mon bien, et je me suis trouvé réduit à venir habiter cette chaumière, où je passe mon tems à vous donner au diable, vous et votre science, attendant avec crainte une autre année, qui, en me présageant quelque nouveau désastre, me fera peut-être devenir fou une seconde fois. Ne craignez rien de ce côté-là, lui dit la fée. Désormais vous ne pourrez prévoir vos futurs destins. Apprenez qu’une des plus grandes faveurs que