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aucun chagrin réel, s’affligeait de tous ceux qui pouvaient lui arriver. Elle n’eut pas plutôt souhaité d’être transportée chez lui, qu’elle se trouva dans une chétive maison de campagne, où tout respirait la pauvreté. Elle aperçut, à la porte de cette maison, un homme si défiguré, qu’elle eut peine à le reconnaître. Il n’eut pas la même difficulté à se remettre le visage de la fée ; et, ne pouvant résister aux mouvemens d’indignation qui s’élevèrent dans son ame à sa vue, il lui dit tout ce que la colère la plus vive lui put suggérer, et ne cessa de lui prodiguer les épithètes les plus grossières que, lorsque la voix lui manqua. Je ne m’offense point de vos reproches, lui dit Bienfaisante, je les mérite sans doute ; mais daignez m’apprendre quelles ont été les suites de la connaissance des choses futures que je vous ai procurée ; peut-être pourrai-je remédier au mal que j’ai fait sans le vouloir. À ce prix, je vous pardonnerai le passé, lui dit cet homme. Que les mortels