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en prolongeant les jours de votre fils, je me rendrais complice des crimes qu’il commettrait de nouveau. Laissez, monsieur, à la Providence le soin de ce qui le touche, et méritez, par votre soumission à ses volontés, qu’elle le regarde en pitié. Les paroles de la fée, loin de consoler ce couple affligé, redoublèrent leurs peines. Bienfaisante, attendrie, allait oublier la résolution qu’elle avait prise de ne plus employer les moyens surnaturels pour soulager les hommes, lorsqu’on apprit aux parens de ce mauvais fils qu’il était à la dernière extrémité. La mère alors, oubliant tous les sujets qu’elle avait de regarder sa mort comme un bien, osa conjurer Bienfaisante d’employer son art pour lui rendre la santé. La fée n’eut garde de se rendre à ses prières, et ne fut tranquille qu’au moment où elle apprit la mort de ce malheureux.

Il ne restait à Bienfaisante qu’à s’informer si la connaissance de l’avenir avait été salutaire à cet homme qui, n’ayant