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d’être au moment de perdre leur fils unique. Elle trouva ces infortunés parens baignés de larmes. La tristesse la plus amère était peinte sur leur visage ; et ils n’eurent pas plutôt aperçu Bienfaisante, que le père, jetant un profond soupir, lui dit : Ah ! madame, que le service que vous nous avez rendu, nous devient funeste ! Plût à Dieu que ce malheureux enfant que vous avez arraché au trépas, eût perdu le jour en naissant ! nous ne serions pas exposés à le voir périr par la main du bourreau. Mais, madame, ajouta ce père affligé, je connais votre puissance : vous pouvez nous rendre une seconde fois ce malheureux fils ; ayez pitié d’une mère désolée ; elle ne pourra survivre à l’infamie dont il va nous couvrir : tirez notre enfant des mains de la justice, et transportez-le, s’il le faut, dans les régions les plus éloignées. Que ne puis-je vous accorder ce que vous me demandez, lui dit Bienfaisante ! avec quel plaisir ne travaillerais-je pas à réparer le mal que j’ai fait ! Mais