Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(58)

femmes effrayées, regardant de tous les côtés, et sûres d’être seules, elles allaient appeler du monde, lorsque la fée se montra à leurs yeux. La jeune dame parut confuse en la voyant ; et la fée, connaissant qu’elle se faisait à elle-même les justes reproches que méritait son orgueil, ne voulut point augmenter sa peine. Connaissez votre erreur, lui dit-elle ; une basse naissance ne déshonore jamais ; mais on se rend digne de mépris, lorsqu’on s’efforce de la cacher, et d’en imposer aux autres. Rougissez, non d’avoir une mère pauvre, mais d’avoir pu la méconnaître, et hâtez-vous de réparer votre faute, en l’avouant, non seulement aux yeux de votre époux, mais à la face de l’univers, s’il était possible : ce généreux effort couvrira la bassesse de votre naissance ; l’on est vraiment noble, lorsqu’on sait s’élever au-dessus des préjugés, du vulgaire, et être vertueux dans les occasions les plus pénibles.

Pendant le discours de la fée, la jeune