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nua-t-elle en sanglotant. C’est une grosse dame, qui serait déshonorée d’avoir une mère telle que moi. Cette pensée me fend le cœur ; je n’ai pas mangé un morceau d’appêtit depuis votre mariage, et je sens que je meurs à petit feu. Ne nous verrous-nous jamais que pour nous affliger réciproquement, lui dit cette fille qui réellement avait les larmes aux yeux ? Voulez-vous que je m’expose à perdre l’estime de mon mari, et à le rendre l’objet des mépris des personnes comme il faut ? Que dirait-on, si on apprenait qu’il eût épousé une fille du néant ; et pourrions-nous le cacher long-tems si je vous avouais pour ma mère ? Car enfin, vous n’avez point de bonnes manières ; le ton d’une personne de façon, et vous ne le prendrez jamais, et cela m’impose la loi de gêner ma tendresse à votre égard. Bienfaisante, oubliant qu’elle était invisible, se laissa emporter au premier mouvement, et s’écria : quel cœur suis-je parvenu à gâter ? À cette voix, nos deux