Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(55)

moi, lui dit cet homme : madame est encore au lit ; mais elle a ordonné qu’on vous fit monter à sa chambre par l’escalier dérobé. Bienfaisante la suivit, et entra dans un appartement superbe. Elle reconnut la jeune fille qui tendit les bras à sa mère aussitôt qu’elle se vit seule. Je suis au désespoir, lui-dit-elle, d’avoir été si long-tems sans vous voir ; mais, ma chère mère, il ne m’a pas été possible de trouver un moment… Dans l’instant on frappa à la porte. Une femme-de-chambre annonça le maître du logis, qui faisait demander s’il était jour chez madame : il entra ; et, voyant la vieille qui s’était levée, et qui se tenait respectueusement à l’écart : c’est votre nourrice, je crois, dit-il à sa femme. Bonjour, ma bonne mère, comment vous portez-vous ? Il n’attendit pas sa réponse, et raconta à son épouse les circonstances d’un souper où il s’était trouvé la veille ; il lui dit qu’elle était au mieux dans son bonnet de nuit, et lui annonça qu’il aurait l’hon-