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vrit un livre qu’elle portait toujours sur elle, et où le nom de toutes les personnes qu’elle avait connues était écrit. Ce nom s’effaçait tout seul, lorsque ces personnes payaient le tribut à la nature, et elle connut, par ce livret, que la personne qu’elle demandait était encore existante : elle allait faire au suisse de nouvelles questions, lorsqu’elle aperçut cette bonne vieille qui, appuyée sur un bâton, s’acheminait à pas lents vers l’hôtel. La fée se rendit invisible, et elle vit bientôt que le portier lui avait répondu juste, lorsqu’il lui avait dit qu’il ne connaissait point la mère de sa maîtresse. Ne pourrais-je pas parler à madame ? lui dit la vieille. Elle s’est couchée fort tard, dit le suisse ; mais elle m’a commandé de ne vous renvoyer jamais ; asseyez-vous un moment, je vais la faire avertir que vous êtes ici. La bonne femme soupira ; et, pendant qu’elle se croyait seule, elle laissa couler quelques larmes qu’elle essuya soigneusement, lorsqu’elle vit revenir le portier. Suivez-