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cun d’eux se mit en devoir de mériter ses bienfaits. Mais il arriva fort souvent qu’ils travaillèrent à pure perte, faute d’avoir bien pesé ces paroles de la fée : Toutes les fois que vous aurez composé un ouvrage utile. L’auteur de… ; mais arrêtez-vous, ma plume, ne démasquez personne : aussi bien, s’il fallait nommer tous les auteurs qui se mettent en travaillant hors d’état de profiter des dons de Bienfaisante, la liste serait trop grande.

La fée, ayant quitté Passy, se souhaita près de la jeune fille dont elle avait récompensé la tendresse filiale, et se trouva à la porte d’un hôtel magnifique. Elle y entra ; et un suisse lui demanda d’un air rébarbatif, ce qu’elle voulait. Je souhaiterais, dit-elle, parler à la mère de madame. Vous radotez, bonne femme, lui dit ce brutal ; madame n’a point de mère ; depuis près de neuf ans que je suis à son service, je n’ai point entendu dire qu’elle en eût une, d’où je conclus qu’elle est morte depuis long-tems. Bienfaisante ou-