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en possession de ces trésors, et vous venez de le faire. Votre choix annonce le retour de votre raison, et désormais vous ne serez plus en danger de la perdre : la nature sera pour vous sans voile ; mais vos connaissances, loin de vous exciter à la vanité, vous rendront plus douce et plus humble, si toutes les fois que vous acquerrez une nouvelle connaissance, vous avez le soin d’ouvrir un in-folio que vous trouverez sur votre table. Vous y trouverez la liste de toutes les choses que vous ignorerez toute votre vie ; et, cette liste immense, en comparaison des choses que vous saurez, rabattra les fumées de vanité qui vous monteront à la tête. Ne croyez pas, au reste, que je veuille vous tirer de l’ordre de la Providence, en vous douant ainsi : elle ne vous avait privée des grâces corporelles, que pour vous donner le tems de cultiver vos talens naturels ; j’avais dérangé mal-à-propos ses vues sur vous, et je vous remets dans l’ordre dont je vous avais malheu-