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de toutes les créatures. En achevant ces paroles, cette fille fondit en larmes, se regarda machinalement dans le miroir qu’elle tenait ; et, comme si elle se fut vue pour la première fois, le jeta de dépit à vingt pas d’elle. Bienfaisante en eut pitié, et se reprochant ses malheurs, résolut de les réparer, s’il était possible. Que n’est-il en mon pouvoir, lui dit-elle, de vous accorder tout-à-la-fois, le retour de votre beauté, et celui de votre raison ! mais je ne puis vous rendre que l’un de ces deux avantages ; choisissez. Laidronette, à cette proposition, demeura rêveuse, et parut violemment agitée ; puis se levant tout-à-coup, elle dit à la fée : je ne balance plus, madame ; que ma laideur augmente, s’il le faut, pourvu que je me retrouve dans les heureuses dispositions où j’étais il y a quelques années ; rendez-moi ma vertu, ma raison, je suis contente. Ce que vous me demandez surpasse mon pouvoir, lui répondit Bienfaisante ; il fallait vous-même vous remettre