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pareille situation m’était indifférente ; mais aujourd’hui je ne la puis supporter sans horreur. Dans l’instant, Bienfaisante, qui avait repris la forme de la vieille, avez-vous moins de raison aujourd’hui que vous n’en aviez alors ? Cette fille, après s’être rassurée, dit à la fée : quel funeste présent m’avez-vous fait, madame ? ou rendez-moi ma beauté, ou rendez-moi les vertus que je possédais, et qu’elle a fait disparaître. Je ne conçois pas, lui dit la fée, pourquoi votre beauté vous aurait fait perdre vos vertus ; et, je vous serai obligée, si vous voulez bien m’apprendre sur quoi vous fondez les reproches que vous me faites. Volontiers, lui répartit la jeune fille.

Je suis née au milieu d’une famille, où la beauté semblait héréditaire ; et, cadette de trois sœurs qu’on pouvait comparer aux grâces, ma laideur semblait donner un nouveau lustre à leurs agrémens. À peine ai-je commencé à me connaître,