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tems de se repentir de son trop de dureté.

Bienfaisante ne souhaita qu’en tremblant de se trouver auprès de la jeune fille, à qui elle avait accordé la beauté. Elle était assise au lieu où la fée l’avait vue la première fois ; mais son occupation était bien différente. Elle tenait un miroir de poche ; et, considérant les ravages que la petite vérole venait de faire sur son visage, elle versait un torrent de larmes. Si la fée n’eût pas été sûre que son art ne pouvait la tromper, elle eût craint de s’être méprise, tant cette fille était méconnaissable. Bienfaisante prit la figure de une paysanne qui portait des fruits ; et, s’étant approchée de cette demoiselle, elle lui en offrit de si bonne grâce, qu’elle attira toute son attention. Oserais-je vous demander pourquoi vous pleurez, lui dit la fée, d’un air compatissant ? Pouvez-vous me faire une pareille question ? répondit la demoiselle. Regardez-moi, et vous serez instruite du sujet de mes larmes. Hélas ! il fut un tems où une