Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(36)

anciens voisins mourir de faim à sa porte. Sa femme fait la princesse, et l’on ne peut rien ajouter à la dureté de tous les deux. Il a acheté le bois où il travaillait autrefois pour gagner sa vie, et, il n’y a pas quatre jours qu’il maltraita l’un de mes fils, et lui cassa sa canne sur le corps, parce que ce pauvre garçon était accusé d’avoir rompu une branche d’arbre. De pauvres gens, comme nous, sommes obligés de souffrir tout cela sans nous plaindre : c’est le seigneur de la paroisse. Le bailli et le procureur-fiscal mangent tous les jours à sa table, aussi bien que monsieur le curé : comment pourrions-nous espérer d’obtenir justice ? À peine ce bon homme avait-il achevé de parler, que le marquis sortit de son palais, suivi d’une petit cour que paraissait empressée à lui plaire. Généreux seigneur, lui cria la fée, ayez pitié d’une pauvre créature dénuée de tout secours. Commandez qu’on me reçoive dans vos écuries ; je serai trop heureuse qu’on m’y nourrisse des restes