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qu’elle voulait. Elle aperçut contre terre une femme bien mise, qui s’arrachait les cheveux ; un homme assis à côté d’elle, insensible en apparence à la douleur de cette dame, avait les mains croisées, et les yeux fixés contre terre. Plusieurs autres personnes entouraient le lit d’un enfant de quatre ans qui tirait à sa fin, et jetaient des hurlemens épouvantables. Bienfaisante s’approcha de l’homme qui paraissait si tranquille, et le pria de lui dire quelle était la maladie de cet enfant : J’ai, dit-elle, d’excellens remèdes : peut-être pourrais-je apporter du soulagement à votre peine. Cet homme, ayant jeté les yeux sur la fée, lui répondit tristement : Si vous saviez faire des miracles, j’espérerais quelque chose ; mais… Il n’eut pas le tems d’achever : la dame, au premier mot que la fée avait prononcé, s’était assise sur son séant ; ses larmes s’étaient taries ; et, lorsqu’elle eût entendu que cette femme se vantait d’avoir de bons remèdes, elle se leva avec précipitation, la