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pine de vin. Pendant son absence, la mère dit à la fée, je crains que ma fille ne meure de joie. Cette pauvre enfant m’est tellement attachée, qu’elle travaille jour et nuit pour me nourrir, et ne respire que pour m’adoucir ma misère. Bienfaisante, attendrie, félicita la fille qui rentrait dans le moment, et qui se hâtait de lui rincer un verre. Elle but un doigt de vin ; et, touchant de son bâton un grand coffre qui était dans la chambre : Jouissez, lui dit-elle, de la récompense qui est due à votre piété, et puisse le ciel vous conserver long-tems pour votre consolation mutuelle ! En achevant ces paroles, le coffre se trouva plein de pièces d’or, et la fée disparut.

Quelques heures après, Bienfaisante se trouva à la porte d’une maison, où elle entendit pousser de grands cris. Tout y paraissait dans le désordre ; plusieurs personnes entraient et sortaient avec précipitation, paraissaient si fort occupées, que la fée passa jusques dans le principal appartement, sans qu’on lui demandât ce