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conduisît à l’autel. Le sacrifice parut dur au marquis : l’habitude qu’il avait de se vaincre, lui donna la force de s’y soumettre. Quels furent ses transports, lorsqu’il apprit de la bouche de sa mère que son union avec Angélique était essentielle au repos de ses jours, puisqu’elle ne pourrait se sevrer de la douce habitude de vivre avec elle, ni la vouloir remplacer par une autre. Je sais ses malheurs, ajoutait-elle ; ils donnent un nouveau lustre à sa vertu, et les combats dont elle est sortie victorieuse, nous annoncent qu’il ne peut naître d’elle et de vous qu’une race qui ajoutera un nouveau lustre à la nôtre.

Le marquis ne chercha point affaire valoir à sa mère sa soumission à ses volontés, et lui avoua que non-seulement il adorait Angélique, mais qu’il était instruit de ses sentimens. Le mariage qui se fit incontinent, ne diminua pas l’attachement que ses trois personnes avaient l’une pour l’autre : l’amour vertueux ne conaît