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tresse de ma fortune. Ah ! madame, quand vous lui en donneriez la moitié, je ne croirais pas m’être acquitté envers elle de la douceur qu’elle a mise dans votre vie, comme vous m’en assurez ».

Le véritable amour est craintif autant que le faux est confiant. Angélique ne vit dans cette lettre qu’un grand désir de l’éloigner à quelque prix que ce fût, et la marquise eut toutes les peines du monde à lui faire comprendre que son fils étant tel qu’elle le connaissait, la crainte de vivre avec elle, était la preuve la moins équivoque de son amour. C’est à moi qu’il vous sacrifie, ajouta-t-elle, parce qu’il ignore que ce sacrifice me coûterait autant qu’à lui.

Angélique, devenue muette par l’excès de sa reconnaissance et de son ravissement, tomba une seconde fois aux pieds de la marquise. Cette dame écrivit à son fils, qu’un mariage plus avantageux que celui qui était rompu, allait fixer le sort d’Angélique, et qu’il convenait qu’il la