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vous revoir. Ce que je dois à la réputation de cette demoiselle, ne me permet pas de vous rejoindre avant quelle ait pris un parti. D’ailleurs, dans un château isolé, comme celui où vous habitez, il faut être perpétuellement vis-à-vis les uns des autres, et je me défierais de ma vertu dans une occasion aussi dangereuse. Le seul moyen de victoire qui reste à un homme qui veut rester libre, est de fuir une personne trop accomplie, pour qu’on puisse vivre impunément dans une société intime avec elle. Ceux qui la connaîtraient, me regarderaient comme un homme sans discernement, si je conservais mon cœur ; et la malignité interprêterait mal notre demeure sous un même toit. Permettez-moi donc de vous rappeler aux conventions que vous me proposâtes vous-même dans le tems où vous me demandâtes une compagne. Il faut qu’un établissement solide soit la suite des soins qu’elle vous a rendus. Je vous envoie une procuration qui vous laisse absolue maî-