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ment bien. Mais, dites-moi, je vous prie, vous n’êtes donc pas de Paris, et vous n’y connaissez personne ? Non, ma belle enfant, lui répondit la fée, je ne fais qu’y arriver. Dieu soit loué, lui dit la fille, de m’avoir conduite par cet endroit ! Paris est plein de méchantes gens. Mais, madame, je marche peut-être bien vite pour vous ; prenez mon bras : j’irais plus doucement ; mais je viens d’essayer une robe qu’il faut rendre demain matin, sans quoi je n’aurais pas de quoi faire un bouillon à ma pauvre mère qui est malade. Ne vous gênez point, lui dit la fée. Je marche bien, malgré mon âge, et je suis en état de vous suivre. Pendant le reste du chemin, cette fille apprit à Bienfaisante que son père était cordonnier, et qu’il avait eu autrefois beaucoup de pratiques ; mais que, comme il servait des gens de qualité, il avait fait tant de crédit qu’il s’était ruiné, en sorte qu’il avait laissé sa mère fort pauvre et fort infirme. Heureusement, dit la jeune fille, je sais un bon métier ;