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ser soupçonner le marquis d’un sentiment qu’elle regardait comme déshonorant. Madame de Villemond pensait bien autrement qu’Angélique. Son origine étant absolument ignorée, son fils pouvait l’épouser, sans blesser un préjugé qui doit presque toujours être respecté ; et, s’il aimait Angélique, sa mère ne voyait que le bonheur de ce fils chéri, qui n’eût pu trouver ailleurs une épouse aussi parfaite. Je connais le cœur de mon fils, dit-elle, à Angélique ; il eût eu assez de courage pour résister à tes charmes ; mais assurément tes vertus l’auront subjugué. La seule crainte qu’il a de me déplaire, l’a sans doute forcé de réprimer le penchant qui l’entraîne vers toi : lis sa lettre, mon enfant, et décidé toi-même du sentiment qui la lui a dictée.

Lettre du Marquis à sa mère.
Madame,

« Lorsque je vous promis de dispo-