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mettre la sérénité sur son front. Tu t’es trahie, mon enfant, lui dit madame de Villemond, en l’embrassant avec un vif transport de joie. Certainement, mon fils t’est cher ; encore un mot, et je ne désire plus rien. T’aime-t-il ? Angélique, frappée de ces dernières paroles comme d’un coup de foudre, tomba aux pieds de la marquise, et sa délicatesse ne lui permettant pas de laisser un moment cette dame dans l’opinion que son fils pût l’aimer, elle se hâta de le justifier.

Jugez mieux du cœur du marquis, madame, s’écria-t-elle ; il est trop vertueux pour avoir conçu le dessein de me séduire, et il a trop d’honneur pour penser à m’épouser : ces deux choses sont indignes de son caractère. Eh ! pourquoi l’honneur défendrait-il à mon fils de t’épouser, lui dit la marquise ? Ah ! j’entrevois la vérité. Tu as toujours évité de me parler de ta famille ; sans doute elle est obscure : mais tu compenses par tes vertus… Arrêtez, madame, lui dit Angélique. Je