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supérieure à la sienne, n’eût pris la résolution de n’être jamais à personne, et se promit de sonder son cœur. Elle en eut un occasion toute naturelle deux jours après. Elle entra dans la chambre d’Angélique, et lui montrant une lettre, qu’elle venait de recevoir du marquis, lui dit : Réjouissons-nous, mon enfant ; nous avons la paix et mon fils ; il m’apprend qu’il a enfin trouvé une personne digne de fixer son cœur. Il me demande mon consentement pour l’épouser, et à toi, une partie de la tendresse que tu m’as vouée, qu’il ambitionne pour sa future épouse. Une telle nouvelle, annoncée tout d’un coup, et sans qu’Angélique eût le tems de composer son visage, produisit l’effet que cette dame en avait attendu : cette tendre amante resta immobile ; son teint se couvrit alternativement du rouge du dépit, et de la pâleur que produit la crainte. Ces rapides mouvemens furent bientôt réprimés, et, Angélique les regardant comme des crimes, s’efforça de re-