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lancé un moment à le sacrifier à son bonheur ; mais sa probité ne lui permettait pas d’en imposer à sa mère ; et il serait mort plutôt que de lui déplaire. Il ne croyait pas non plus qu’il lui fût permis de prendre un engagement dont il ne pourrait remplir le principal devoir, et regardait comme une crime de donner sa main sans pouvoir accompagner ce don de celui de son cœur ; il prit donc la résolution de se vouer au célibat, et écrivit à sa mère que, n’ayant pu surmonter la répugnance qu’il avait pour le mariage, il la conjurait de ne le point presser de prendre un engagement.

Pendant que le marquis s’efforçait de plier son cœur à ce que sa mère exigeait de lui, Angélique lui sacrifiait sans effort et sans espoir une fortune brillante. Un seigneur de trente-cinq ans, vint au château de madame de Villemond, pour quelques affaires : la vue d’Angélique le désabusa de l’opinion où il était d’être inaccessible aux traits de l’amour ; car,