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à son fils pour le remercier, du présent, qu’il lui avait fait. Les éloges d’Angélique, dont cette lettre était remplie, n’étaient pas propres à guérir la passion qu’il avait pour elle ; elle paraissait s’augmenter, au contraire, par les efforts qu’il faisait pour la détruire. Les soins d’une campagne pénible y firent à peine une légère distraction ; cependant il la prit pour un heureux présage d’une guérison possible. Rendu à la tranquillité de la garnison, il se prêta de bonne foi aux projets de sa mère et s’offrait, pour ainsi dire, aux charmes de toutes celles qui pouvaient lui aider dans ses résolutions. Il s’aperçut bientôt que ce moyen, qu’il avait cru efficace, produisait un effet contraire à celui qu’il en attendait ; il ne pouvait s’empêcher de faire des comparaisons d’Angélique avec les autres femmes, et le résultat était toujours favorable à celle qu’il voulait chasser de son cœur, et l’y affermissait davantage. S’il n’eût eu que le préjugé à vaincre, il n’aurait pas ba-