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quis n’avait osé demander de ses nouvelles les premiers jours ; il craignait de se trahir lui-même, en marquant trop d’émotion ; car son absence lui avait fait présumer qu’elle était malade. Il profita du silence qu’on lui avait imposé, pour s’arranger sur la conduite qu’il devait tenir à l’égard de cette aimable fille. Il connaissait trop le motif de sa vocation pour ne pas s’opposer de tout son pouvoir, au dessein qu’elle avait d’être religieuse : il ne comptait pas assez sur son propre cœur pour pouvoir espérer de la voir sans danger : l’honneur, et plus encore ce qu’il devait à sa mère, lui défendait de l’épouser ; mais son amour qui lui faisait une loi de la rendre heureuse, et la Providence lui en fournit un moyen qui ne pouvait être plus à son gré.

Il reçut une lettre de la marquise de Villemond, qui lui exposait les vœux ardens qu’elle faisait pour la paix, afin de jouir du plaisir de vivre avec lui : elle lui avouait qu’elle commençait à ressentir