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vre de la mère d’Angélique dans un cabinet écarté, et, comme cet horrible accident n’avait eu d’autres témoins que le chirurgien et sa femme que leur propre intérêt devait engager au silence ; que d’ailleurs cette malheureuse était inconnue dans la ville, il espéra de réussir à cacher ce funeste accident. Les mesures qu’il prit à ce sujet furent si bien concertées, qu’on n’eût aucun soupçon de ce qui s’était passé, et la nuit suivante, on enterra cette mégère dans la cave, sans admettre un seul domestique au travail pénible qu’il fallut faire pour cela, aussi bien que pour effacer de la chambre les marques du sang. Occupé de ces divers soins, on s’était contenté de mettre Angélique sur un matelas qu’on avait étendu à terre. Le marquis, qui ne voulait s’occuper que de l’éternité, eût bien souhaité se faire transporter chez lui pour recevoir ses sacrémens, le chirurgien lui représenta, qu’outre le danger d’être transporté, on courait risque de faire un