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est ma mère. En disant ces paroles, elle voulut se lever de dessus le plancher où elle était encore ; mais sa faiblesse, trahissant son désir, elle retomba en faiblesse, et eut d’horribles convulsions.

Ce fut donc, pour ainsi dire, entre les bras de la mort que le marquis apprit, de la bouche d’Angélique, l’amour qu’il lui avait inspiré ; et, malgré l’état déplorable où il était, il ne put se cacher la satisfaction qu’il recevait d’un tel aveu, et combien son cœur était d’accord avec celui de cette charmante fille. Des réflexions plus en place l’arrachèrent à cet instant rapide de bonheur : il croyait toucher à celui qui allait terminer sa vie : des devoirs sacrés devaient l’occuper tout entier. Il se prépara donc à ce dernier passage, avec la tranquillité qui est la suite d’une vie innocente et chrétienne ; il fit à Dieu le sacrifice de sa vie et de sa tendresse ; et, certainement, le dernier fut le plus pénible.

Duménil avait fait emporter le cada-