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le dos tourné vers la porte, rêvait profondément à la résolution d’Angélique ; cette belle fille s’était levée pour ouvrir au marquis, et tenait encore la porte qui la couvrait en partie. Sa mère, qui avait tiré le poignard du manchon s’élança sur elle avec vivacité, et lui en porta un coup qui ne fit que glisser, parce que, dans la frayeur qui avait saisi Angélique en la voyant, elle s’était machinalement rejetée en arrière, et était tombée. Sa mère, croyant l’avoir tuée, voulût immoler sa seconde victime, et, trompée par l’uniforme du marquis, qui était le même que celui de Duménil lui donna deux coups avec tant de promptitude, qu’il tomba avant que le cri que jeta Angélique, eût fait tourner la tête à Duménil. Il se leva ; et la misérable, qui vit venir à elle celui qu’elle croyait avoir tué, tournant contre elle-même le fer qui avait si mal servi sa vengeance se le plongea dans le cœur, et termina sa coupable vie sans prononcer un seul mot. Duménil, effrayé de tant