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et le plus tendre, sans en avoir aucun soupçon. Un événement bien funeste vint leur ouvrir les yeux. Angélique n’avait plus qu’une semaine à passer pour finir ses trois mois d’épreuves, et elle n’était point encore d’accord avec elle-même ; elle se leva un jour de grand matin pour aller à l’église, résolue de n’en point sortir qu’elle n’eût obtenu de Dieu la grâce de faire un choix qui lui fût agréable, En rentrant chez le chirurgien, elle fut aperçue de sa mère qui était à la fenêtre d’une maison voisine. Cette femme n’avait pu surmonter la passion qu’elle avait pour Duménil, et venait essayer de l’engager à renouer avec elle. L’apparition de sa fille faillit à la faire mourir de frayeur ; mais, comme elle ne l’avait vue qu’un instant, elle se persuada qu’elle s’était méprise, et qu’une grande ressemblance l’avait déçue. Elle resta long-tems à cette fenêtre de l’auberge où elle avait couché, sans savoir à quoi se résoudre. Que devint-elle, lorsqu’elle vit entrer Duménil