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venue, revit cet homme avec des transports de reconnaissance. Ce fut en présence de Duménil que le marquis lui conseilla de prendre trois mois pour examiner sa vocation à la vie religieuse, lui promettant, après ce tems, de lui procurer tous les moyens d’exécuter tout ce qu’elle croirait que Dieu demanderait d’elle.

Pendant ces trois mois d’épreuve, le marquis ne vit Angélique qu’autant que la bienséance l’exigeait, et toujours en présence de témoins : il se flattait d’avoir conservé son cœur libre, et cependant voyait approcher avec inquiétude le moment où elle devait faire un choix. L’homme le plus sage est sujet à se tromper ; il se persuada que sa peine à cet égard n’était fondée que sur la crainte où il était qu’elle ne prît pour mie vocation réelle le désir d’éviter l’indigence. Pour la mettre en état d’échapper à cette illusion, il résolut de lui assurer un état tranquille, avant qu’elle eût pris sa dernière résolution. Duménil, auquel il confia son des-