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et, m’ayant fait monter dans un fiacre, nous sortîmes de Paris sur-le-champ. Arrivées dans un village après une heure de chemin, nous entrâmes dans une auberge, et, à peine y eûmes-nous été une heure, qu’un homme vint trouver ma mère, et lui parla long-tems en particulier : elle vint me rejoindre les yeux baignés de larmes : fille imprudente, me dit-elle, à quels malheurs exposez-vous une mère qui s’est sacrifiée pour vous élever avec tant de soin ? Apprenez que si je n’étais pas éloignée de Paris, vous auriez ma perte à vous reprocher. Elle m’apprit ensuite qu’un moment après notre départ, notre maison avait été investie par des archers, en conséquence d’un ordre du lieutenant de police, sur les plaintes qu’on lui avait fait de ma part, qu’il fallait abandonner Paris pour jamais. Dans la confiance que j’avais en ses promesses, je l’aurais suivie jusqu’au bout du monde ; elle me conduisit à Verdun, où nous avons passé une année entière. Les trai-