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ainsi, et m’attendais aux plus cruels traitemens de sa part. Elle me surprit agréablement, lorsque, prenant un air tranquille, elle me dit : mademoiselle, j’ai voulu vous rendre heureuse : un scrupule mal fondé vous a fait rejeter mes offres ; vous n’en entendrez jamais de pareilles, comptez sur ma parole. Je devrais vous punir, de m’avoir crue capable d’user de violence à votre égard. Le chevalier m’a tout avoué : comme il voulait vous séduire, sans être en état d’assurer votre fortune, il vous avait mis ces terreurs dans l’esprit, pour vous obliger à me fuir. Je pardonne à votre jeunesse une étourderie qui ne pouvait que vous rendre misérable, et, encore une fois, je vous laisse libre de vos volontés : attendez-vous à une nouvelle conduite de ma part ; mais aussi à un nouveau genre de vie. Ma fortune ne me permet plus de garder un domestique, vous m’en tiendrez lieu, aussi bien devez-vous vous déterminer à servir après ma mort, qui