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au couvent ; et, à cette heure, elle la sollicite auprès du lieutenant de police. Ces paroles firent quelque impression sur l’esprit du commissaire ; mais ma mère les détruisit bientôt, et lui dit, d’un air de bonne foi dont il fut la dupe : je n’ai que, faire d’un ordre de la police pour mettre cette malheureuse dans un couvent. Au moment où je vous ai porté ma plainte, un de mes amis s’est chargé de la faire recevoir dans une maison où elle aura le tems de pleurer ses indignes amours.

Les apparences étaient contre moi : on m’avait trouvée chez un homme : je disais qu’il voulait m’épouser ; que je l’avais suivi à cette intention : les motifs de plaintes que j’alléguais pour excuser, ma sortie de chez ma mère, avaient peu de vraisemblance, d’autant mieux que le commissaire, instruit de toutes les femmes suspectes de son quartier, ne la trouvait point sur ses tablettes. Il dédaigna donc de me croire, et m’abandonna à la fureur de cette femme, du moins le croyais-je