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lit d’un de ses amis. Mais point du tout.

Je vous ai dit que ma mère avait chassé notre cuisinière ; on lui proposa le jour que je sortis, une fille de famille, qui avait été forcée de quitter sa province, pour une faute qui avait excité la colère de ses parens, et qui, ne pouvant subsister à Paris, s’était déterminée à entrer en condition. Son aventure engagea ma mère à la prendre. Elle ne voulait autour de moi que des personnes capables de me corrompre le cœur. Comme elle soupçonnait qu’une fille qui avait oublié ce qu’elle devait à son devoir ne se mêlerait pas d’être scrupuleuse, elle lui confia ses vues sur moi, et le chevalier devait le lendemain me la présenter en qualité de femme-de-chambre. Heureusement pour moi, cette fille gémissait de sa faute, et, ayant laissé entrevoir de la répugnance pour le rôle qu’on lui destinait, ma mère changea d’avis, et résolut même de chercher un prétexte pour s’en défaire. Cette fille, qui avait ses vues, lui en fournit