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trois jours cette alternative de bons et de mauvais traitemens. Enfin, réduite au désespoir, je me déterminai à tout risquer pour sortir de cette situation déplorable. J’étais prisonnière dans ma chambre, et je prêtais une oreille attentive, pour voir si je n’entendrais point parler les personnes charitables qui avaient marqué de la compassion pour moi : je priais Dieu d’inspirer à la cuisinière de les avertir de ce qu’on me faisait souffrir. Il y a beaucoup d’apparence qu’il m’exauça. La nuit suivante, on frappa à ma cloison ; et, ayant écouté d’où venait ce bruit, j’entendis qu’on m’appelait par mon nom ; je courus à l’endroit d’où partait la voix ; et, ayant répondu, on me dit : tâchez de vous échapper demain dans la journée, et frappez à la porte qui est à côté de la vôtre : ma maîtresse qui est une femme de condition très-vertueuse, part après demain, et vous emmènera avec elle, et aura soin de vous. Que Dieu la bénisse, répondis-je. Ne parlez pas, me dit-on ;